Travails
Une enquête de Nicolas Momein
Un travail à ferrer ou simplement travail (au pluriel « travails » et non travaux) est un dispositif plus ou moins sophistiqué (autrefois fixé dans le sol) conçu pour maintenir de grands animaux.
Principal moyen de traction pour les travaux agricoles et forestiers, les vaches ou les bœufs attelés devaient être ferrés régulièrement. Immobilisé par deux sangles ou ventrières et légèrement soulevé par un système d’engrenage à crémaillère, l'animal pouvait être de la sorte aisément ferré et soigné.
Si dans la plupart des cas, et pour un animal docile, le ferrage était effectué sans entrave particulière, hormis une simple corde épaisse – longe ou sangle – pour la tête ou le cou, le travail était par contre nécessaire pour les vaches, les bœufs et les chevaux, animaux plus difficiles, qui ne pouvaient rester debout sur trois pattes.
Sans entrer dans la catégorie des outils, le travail à ferrer est donc plutôt, en tant qu'espace aménagé (souvent extérieur), une sorte d'édicule vernaculaire.
Divers types de travails existent, ils revêtent une forme très simple, constituée d’un bâti très robuste : une structure de quatre piliers de bois, de granit ou d’acier reliés entre eux par des traverses soutenant parfois un toit.
Dans l'entre-deux-guerres, l'utilisation des chevaux, bien que plus fragiles que les bovins, et surtout celle des machines, se développe. Peu à peu, le travail à ferrer perd son utilité. Peu nombreux sont ceux encore en usage au-delà des années 1950.
Le travail à ferrer était appelé le « lavoir des hommes » durant les opérations de ferrage. C'était le point de rencontre de toutes les discussions entraînant le besoin de partager un verre. (C'est ainsi que dans beaucoup de villages l'habitation du maréchal-ferrant faisait office de café.)
Témoins d'une activité et d'un savoir-faire local, d'un mode de vie aujourd'hui disparu, d'une relation homme/animal particulière, ces édicules subsistent encore, lorsqu’ils sont de fer ou de pierre.
