L'œil amusé
« L'œil du comparatiste est primesautier, qualité dont on fera son premier défaut. Peu importe : son regard doit être vif et amusé. » (Marcel Détienne, Comparer l'incomparable, Paris, Le seuil, 2000.)

Renoncer au monopole de l'interprétation
« Un dieu en effet c'est toujours des dizaines d'aspects et de fonctions partagés et contrastés avec d'autres dieux. Tel qu'il apparaît dans la pratique cultuelle, un dieu constitue donc un point nodal, conjoncturel, problématique.
Il en va de même, mutatis mutandis, des coutumes, des mythes et des rites. Aucun de ces ensembles ne peut se concevoir "en soi", car il n'existe pas, en ces domaines non plus, de vase clos. Conduite dans une perspective comparatiste respectueuse de cet état de fait, l'analyse de terrain peut du même coup se passer du recours aux avatars du Volksgeist et des "grandes" religions. La navigation, comme le dit Detienne, est devenue libre. Les amarres qui attachent la recherche à des concepts chosifiés sont rompues. Du même coup, et cela constitue un bénéfice non négligeable, comparer revient à renoncer au monopole de l'interprétation, avec pour effet d'éviter le piège des mythologies savantes ou du moins d'en réduire le danger. Comparer devient un exercice de laboratoire. Organisée comme une série d'allers-retours entre terrains, l'expérience consiste à observer ce qui se passe quand on met en contact des configurations symboliques hétérogènes. » (Philippe Borgeaud, Aux origines de l'histoire des religions, Paris, Le Seuil, 2004)

La symétrie perdue de la blatosphère
« On se rappelle l'idée de Goethe selon laquelle le crâne est constitué de vertèbres pareillement modifiées, de façon similaire les os du bassin pourraient être considérés comme les vestiges d'un crâne perdu. La ressemblance entre les histologies du poumon et des reins est connue depuis longtemps. On peut songer à d'autres analogies entre les fonctions respiratoires et uro-génitales, immiscées à la fois dans les muthologies populaires (la prétendue équivalence entre la taille du nez et celle du pénis) et dans le symbolisme psychanalytique (on dit communément les "yeux" au lieu des testicules. »
(James Graham Ballard, The Atrocity Exhibition, nouv. éd., 1990. (La Foire aux atrocités, trad. François Rivière, Paris, Tristram, 2003.)