Empègues

Ces « empègues » figurent sur les pieds droits des portes d’entrée des maisons d’Aubais, village du Gard. Empègue, c’est-à-dire marque apposée primitivement avec de la suie et de la colle (de Pegare, coller), et qui signalaient traditionnellement les maisons qui avaient donné leur obole pour la fête patronale du 15 août ; il fallait donc en créer une nouvelle chaque année et chacune comportait son millésime (précédé de CL, il renvoie à la classe d’âge chargée de récolter les fonds). Aujourd’hui, elles sont apposées un peu partout et réalisées à la bombe. Recherchées, elles se collectionnent. Ce sont des images toujours noires, qui oscillent entre une simplicité quasi idéogrammatique – tête de taureau (CL 87), croix ou ancre sur cœur (CL 99), tour crénelée, tridents (CL 92) –, et de petites images plus élaborées – animal sur pied (CL 88), scène de course camarguaise (CL 02 et CL 03), têtes avec coiffes traditionnelles (CL 89), maison (CL 01), etc. Le CL 97, qui figure une tête de cheval dans un écusson, nous indique la proximité, par-delà les siècles, de l’art de l’empègue avec celui de l’héraldique. (Nulle continuité directe cependant puisque le CL 06 indique que l’on a fêté en 2006 les 100 ans de cette tradition récente.) Même schématisation, même capacité de simplifier, de figurer un donné facilement reconnaissable pour lui conférer une portée emblématique. Un autre rapprochement peut être fait avec les marques de manades, apposées au fer rouge sur les bêtes d’un cheptel pour le reconnaître, et dont la codification remonte, elle, au XVIIIe siècle. Il s’agit là encore d’empreintes, mais cette fois les initiales entrelacées forment le plus souvent la base du code. Les mêmes motifs peuvent se rencontrer dans les deux séries de marques, empègues d’Aubais et manades camarguaises : ainsi le trident de gardian de l’empègue Cl 92 figure aussi dans les marques des manades Papin de Lézan, Plo d’Arles, du Grand Salan de Portiragnes. Certaines marques de manades ont aussi la forme de blason (Aubanel de Saint-Gilles, Chaballier de Lunel, des Alpilles de Tarascon, du Levant de Saint-Brès, Gré d’Aigues-Mortes, Lou Pantaï des Saintes-Maries, etc.). La manade Jean-Marie Bilhau de Saint-Gilles a un blason en sautoir, le blason de Rousseau à Saint-Laurent d’Aigouze est quadrilobé, celui du Languedoc à Mauguio est une croix occitane, la croix de Fanfonne-Guillerme au Cailar est faiblement pattée est alésée… (ChB)

Sources iconographiques :
1, 2, 3 et 4 : Ph ChB, M/C

Empègues

Ces « empègues » figurent sur les pieds droits des portes d’entrée des maisons d’Aubais, village du Gard. Empègue, c’est-à-dire marque apposée primitivement avec de la suie et de la colle (de Pegare, coller), et qui signalaient traditionnellement les maisons qui avaient donné leur obole pour la fête patronale du 15 août ; il fallait donc en créer une nouvelle chaque année et chacune comportait son millésime (précédé de CL, il renvoie à la classe d’âge chargée de récolter les fonds). Aujourd’hui, elles sont apposées un peu partout et réalisées à la bombe. Recherchées, elles se collectionnent. Ce sont des images toujours noires, qui oscillent entre une simplicité quasi idéogrammatique – tête de taureau (CL 87), croix ou ancre sur cœur (CL 99), tour crénelée, tridents (CL 92) –, et de petites images plus élaborées – animal sur pied (CL 88), scène de course camarguaise (CL 02 et CL 03), têtes avec coiffes traditionnelles (CL 89), maison (CL 01), etc. Le CL 97, qui figure une tête de cheval dans un écusson, nous indique la proximité, par-delà les siècles, de l’art de l’empègue avec celui de l’héraldique. (Nulle continuité directe cependant puisque le CL 06 indique que l’on a fêté en 2006 les 100 ans de cette tradition récente.) Même schématisation, même capacité de simplifier, de figurer un donné facilement reconnaissable pour lui conférer une portée emblématique. Un autre rapprochement peut être fait avec les marques de manades, apposées au fer rouge sur les bêtes d’un cheptel pour le reconnaître, et dont la codification remonte, elle, au XVIIIe siècle. Il s’agit là encore d’empreintes, mais cette fois les initiales entrelacées forment le plus souvent la base du code. Les mêmes motifs peuvent se rencontrer dans les deux séries de marques, empègues d’Aubais et manades camarguaises : ainsi le trident de gardian de l’empègue Cl 92 figure aussi dans les marques des manades Papin de Lézan, Plo d’Arles, du Grand Salan de Portiragnes. Certaines marques de manades ont aussi la forme de blason (Aubanel de Saint-Gilles, Chaballier de Lunel, des Alpilles de Tarascon, du Levant de Saint-Brès, Gré d’Aigues-Mortes, Lou Pantaï des Saintes-Maries, etc.). La manade Jean-Marie Bilhau de Saint-Gilles a un blason en sautoir, le blason de Rousseau à Saint-Laurent d’Aigouze est quadrilobé, celui du Languedoc à Mauguio est une croix occitane, la croix de Fanfonne-Guillerme au Cailar est faiblement pattée est alésée… (ChB)

Sources iconographiques :
1, 2, 3 et 4 : Ph ChB, M/C